C’est une fin d’année peu clémente avec notre patrimoine et particulièrement avec les remparts et les ribats. Cela a commencé avec l’effondrement des remparts de la médina de Kairouan le 16 décembre dernier avec un bilan de trois morts. Un accident grave qui met en lumière l’état déplorable d’une partie du patrimoine national. Un accident qui a également ouvert les portes à toutes les hypothèses autour du professionnalisme de l’entrepreneur et de la transparence dans l’obtention des marchés publics.
Mais voici que la polémique autour de nos ribats surgit de nouveau dans la ville de Monastir. Cette fois il ne s’agit pas d’effondrement mais d’une imminente défiguration d’un lieu historique. Motif de cette polémique ? Les constructions de plusieurs kiosques autour du Ribat. D’ores et déjà, les premiers coups de pioche ont été effectués et les structures métalliques installées. C’est ce qui a provoqué la colère de la société civile qui a tiré la sonnette d’alarme. « La construction de ces kiosques à proximité du Ribat de Monastir est une atteinte flagrante à notre identité historique. Ces structures modernes nuisent à l’intégrité visuelle du monument et compromettent l’essence même de notre patrimoine culturel », commente l’un des défenseurs du patrimoine. A cela s’ajoutent les photos des débuts de construction qui balafrent la beauté de ce bijou de l’histoire.
La bonne nouvelle, c’est qu’à la suite de l’intervention de la ministre des Affaires culturelles, les travaux ont été arrêtés avec l’ordre de démolir tout ce qui a été construit. La question qui se pose alors est pourquoi faut-il qu’on en arrive là ? Pourquoi a-t-il fallu une polémique sur les réseaux sociaux et l’intervention de la société civile pour que l’hémorragie soit arrêtée ? Comment se fait-il que les autorités municipales et le gouverneur aient pris une décision aussi importante sans consulter les experts en patrimoine, en l’occurrence l’Institut du patrimoine ? Mystère et boule de gomme.
Cela dit, le geste de l’Etat tunisien à travers le ministère des Affaires culturelles est à saluer. C’est un exemple de démocratie dans la mesure où les structures de l’Etat prennent en considération les doléances de la société civile et des citoyens de la ville de Monastir et agissent en conséquence. Une leçon de démocratie qui prouve que tout citoyen peut avoir voix au chapitre et que la décision n’appartient pas seulement au responsable qui a autorisé la construction de ces kiosques qui défigurent le patrimoine.